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AMINATA DIAGNE «POULAIN», REINE DU BASKET 83, QUATRE FOIS CHAMPIONNE D’AFRIQUE AVEC LES «LIONNES» : Ce qui s’est passé réellement dans la salle d’échauffement de Marius Ndiaye, lors de cette fameuse finale avortée entre le Sénégal et le Zaïre,en 1984

Reine du basket sénégalais en 1983, élue meilleur joueuse africaine lors du Championnat d’Afrique 83 qui s’est déroulé en Angola, Aminata Diagne «Poulain» s’est confiée a notre reporter, à Toulon, en marge du stage de préparation des «Lions» en France, après un copieux «ceebu jën». L’ancienne internationale, sacrée à quatre reprises avec les «Lionnes» championne d'Afrique, vit en France, dans le Var, à Hyères depuis plus de 30 ans. L’ancien pivot de l’Uso et de Bopp a jeté un regard sur le rétroviseur, brisant le silence pour nous entretenir de la fameuse finale avortée entre le Sénégal et le Zaïre. Elle parle aussi du basket sénégalais. Entretien...

Amédine Sy Le Populaire



Aminata Diagne "Poulain"  Photo Le Populaire
Aminata Diagne "Poulain" Photo Le Populaire
Que devient Aminata Diagne «Poulain» qui a fait les beaux jours de l’Uso, de Bopp et de l’équipe nationale dans les années 80 ?
Je vis en France dans le Var, à Hyères, une ville qui se trouve près de Toulon depuis presque 30 ans. Car je me suis marié avec l’ancien basketteur de l’Asfa Cheikh Sylla avec qui je suis venue m’installer ici. Mon mari jouait en effet à cette époque à Hyères Toulon. Nous avons deux filles, dont l’une pratique d’ailleurs le basket, mais cette année, elle a privilégié les études. Après avoir joué dans quelques clubs comme Voiron, Hyères–Toulon et Carqueiranne, j’ai arrêté ma carrière pour me consacrer à ma vie familiale et professionnelle. Maintenant, je travaille dans une grande compagnie d’assurances et je mène une vie calme à Hyères. Mais je pense de temps à temps au basket. D’ailleurs, j’appelle souvent des anciennes basketteuses avec qui je suis restée en très bons termes.

Est-ce que vous pouvez revenir avec nous sur votre carrière ?
Je suis venue au basket par hasard. Car, au départ, c’était ma soeur qui pratiquait cette discipline, avec ma cousine. Et comme j’allais les regarder, un jour, leur entraîneur du nom de Petit Jean de l’Asfa m’a demandé de m’entraîner avec eux. Ce que j’ai fait et depuis, j’ai continué. Au niveau des clubs, j’ai joué à Ouakam, ensuite je suis partie à Bopp où j'ai passé deux à trois ans, avant de revenir à Ouakam où j’ai trouvé les Aïssatou Guèye Minia, Yacine Nguer, Toucouleur etc. C'était une très belle équipe. Ensuite, feu Bonaventure Carvalho m’a repérée alors que je n’avais que de 13 ans. C’était en 1976, si je ne me trompe. J’ai alors fait un stage avec l’équipe nationale à Thiès. Et depuis, je n’ai pas arrêté car Bona m’a sélectionnée dans l’équipe nationale qui devait se rendre aux Etats-Unis. En ce moment-là, j’étais la plus jeune de l’équipe car je n’avais que 15 ans. Après ce voyage, j’ai définitivement intégré l’équipe. Car après cela, j’ai fait toutes les campagnes avec les «Lionnes». Je ne le cache pas, j’ai passé de très bons moments avec les «Lionnes». D’ailleurs, j’ai gagné quatre championnats d’Afrique et j’ai même été élue meilleure joueuse d’Afrique au Championnat d’Afrique d’Angola, en 1983. Pourtant, on avait fini pour la première fois à la deuxième place, derrière le Zaïre qui nous avait battues en finale en 1983. Durant cette même année, j’ai été élue Reine du basket sénégalais. Deux mois après, je me suis mariée avec un ancien joueur de l’Asfa, Cheikh Sylla. Ensuite, je suis partie vivre en France où j’ai joué à Vairon, Hyères–Toulon et Carqueiranne. Puis, j’ai été rappelée en équipe nationale par Bonaventure Carvalho pour jouer le championnat d’Afrique de 1984 lors duquel la fameuse finale contre le Zaïre ne s’est jamais jouée.

Vous avez parlé tantôt de cette finale Sénégal–Zaïre avortée à cause d’une bagarre entre joueuses. Que s’est-il passé au juste lors de cette finale ?
Je n’ai jamais parlé de cette fameuse finale avortée entre le Sénégal et le Zaïre depuis 1984. Mais je sais que vous avez entendu beaucoup de versions. Et aujourd’hui, je vais vous dire ce qui s’est passé réellement dans la salle d’échauffement du stadium Marius Ndiaye, lors de cette fameuse finale avortée entre le Sénégal et le Zaïre, en 1984. Car les incidents se sont passés là-bas. Nous avons été attaquées par les Zaïroises et nous avons répliqué. En fait, les choses se sont passées très vite, alors que les deux équipes étaient dans la salle d’échauffement. On s'est croisées en courant et puis tout d’un coup, elles se sont jetées sur nous. Mais nous ne nous sommes pas laissé faire. Je pense que les Zaïroises avaient peur de nous et c’est pourquoi elles ont eu ce comportement antisportif. Parce qu'à mon humble avis, si on avait joué cette finale, on allait les battre largement. Cela se sentait car nous étions très confiantes. Et puis, elles nous ont vu carburer durant tout le championnat d’Afrique. Donc les Zaïroises savaient que nous étions supérieures et je crois que la peur et le stress ont fait qu’elles ont craqué en provoquant cette bagarre, pour ensuite refuser de jouer cette finale.

Comment avez-vous vécu ces moments si on sait que le stade était plein à craquer et que tous les Sénégalais attendaient cette finale ?
C’était vraiment dommage car les incidents se sont déroulés dans notre pays, le Sénégal. Et il y a eu beaucoup de versions. Cela ne pouvait que ternir l’image de notre pays. Mais nous qui étions dans la salle d’échauffement, nous savons très bien ce qui s’est passé et nous sommes quittes avec notre conscience. Ce qui me fait le plus mal, c’est le faite de remporter ce Championnat d’Afrique par forfait. Parce que nous voulions prendre notre revanche sur le terrain devant cette équipe du Zaïre qui nous avait surpris en nous battant en finale en 1983, en Angola. Et cette finale était une occasion pour nous de remettre les Zaïroises à leur place. Moi, je reste toujours frustrée car je n’ai pas eu l’occasion de montrer aux Zaïroises qui je suis. Et puis, cela était décevant pour les supporters qui n’ont pas assisté à cette finale de rêve. D’ailleurs, nous avons tout fait pour sauver cette finale, mais les Zaïroises ont catégoriquement refusé de jouer. Cela fait partie de mes plus grandes déceptions.

Selon certaines indiscrétions, ce sont les Sénégalaises qui ont provoqué les Zaïroises avec une histoire de maraboutage...
(Elle coupe...) Ce n’est pas vrai. Sachez que dans notre génération, il y a jamais eu ce problème. Car on ne croyait pas aux maraboutages. Il paraît que maintenant, il y en a énormément. Mais de notre temps, personne n’osait parler de ces genres de pratiques. Ceux ou celles qui connaissent Bonaventure Carvalho savent que cela n’a jamais existé durant son règne.

Qu'est-ce qui vous a le plus marqué durant votre carrière ?
C’est l’entente qu’il y avait entre nous. On pouvait être des adversaires au niveau des clubs, mais quand on se retrouvait en équipe nationale, on était vraiment unies. Et tout cela, nous le devons à un homme qui s’appelle Bonaventure Carvalho... (Son visage s'assombrit triste). Bona m’a vraiment marqué par sa façon de vivre, sa façon d’être, son côté éducatif, son côté organisationnel. Bona incarnait la perfection. Avec lui, il n’y avait jamais de problème d’organisation. Tout était réglé comme du papier à musique. D’ailleurs, je pense que Bona manque énormément au basket sénégalais. Que Dieu l’accueille dans son paradis.

Quel regard portez-vous sur le niveau du basket actuellement ?
J’avoue que je ne suis pas beaucoup le basket actuellement. Mais il m’arrive de regarder des matches à la télévision. Et là, je trouve que le niveau a baissé. Mais je pense qu’avec un peu d’organisation et de suivi, le Sénégal peut réaliser de bonnes performances. Car le Sénégal est un pays de basket.

Quelle est la basketteuse qui vous a le plus marqué ?
J’aimais bien Mame Penda Diouf et Aya Pouye, deux joueuses très techniques. Et moi, j’aime la technique, le jeu de Mame Penda me plaît. Quant à Aya, j’aimais son côté technique. Elle avait un jeu très garçon manqué. Dans notre génération, il y avait d'autres qui étaient très douées comme les Kankou. D’ailleurs, je pense que notre génération est la meilleure de tous les temps par rapport aux titres.

Est-ce qu’on peut s’attendre à voir un jour Aminata Diagne «Poulain» revenir au bercail pour s’occuper de basket ?
Franchement, je ne le pense pas. C’est vrai que je peux être nostalgique, mais pour moi, le basket était une période très heureuse de ma vie, que j’ai appréciée à sa juste valeur. Mais j’ai tourné cette page car je ne suis pas quelqu’un qui regarde tellement en arrière. Je préfère avancer, surtout que maintenant j’ai ma vie familiale et ma vie professionnelle, je me concentre sur cela. Cela ne m’empêche pas de penser au Sénégal et au basket sénégalais. Je ne compte pas revenir dans le milieu du basket, même si je garde toujours des contacts dans cette famille. Mais je n’envisage pas de venir travailler dans le milieu du basket.

Article rédigé par le Vendredi 5 Août 2011



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